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Histoire de France: Fillion/Joly/Côte d'Ivoire: tradition de mépris et de confiscation des luttes menées par le peuple

Histoire de France: Fillion/Joly/Côte d'Ivoire: tradition de mépris et de confiscation des luttes menées par le peuple

Paris, le 17 juillet 2011

Madame Eva Joly, candidate écologiste à la prochaine élection présidentielle française de 2012, a proposé de faire du 14 juillet un "défilé citoyen" au lieu d'un "défilé militaire".

Alors qu'il était en Côte d'Ivoire, le Premier Ministre Français, François Fillion, a réagi en ces termes:
"Cette dame n'a pas une culture très ancienne des traditions françaises, des valeurs françaises, de l'histoire française; les forces armées françaises concourent au bon fonctionnement de la démocratie dans notre pays, et c'est normal de leur rendre hommage et je vous dis que vraiment je crois qu'il y a bien peu de Français qui partagent l'avis de madame Joly".

Cette réaction du Premier Ministre Français est symptomatique,  d'une part d'une certaine tradition politique en France de mépris et de confiscation par les élites des luttes de libération menées par le peuple, d'autre part d'une tradition d'ingérence militaire à l'étranger:

Tradition de mépris et de confiscation des luttes de libération menées par les citoyens:
La Révolution Française telle qu'enseignée dans les écoles françaises n'est pas une révolution des forces armées pour la démocratie; c'est plutôt l'inverse, c'est la révolution du peuple Français contre ceux qui les maintenaient soumis par la force et par la peur pour mieux les exploiter.
Et le 14 juillet est censé célébrer cette révolution citoyenne contre des seigneurs méprisants, condescendants et nostalgiques de l'époque de la féodalité et du servage.

Force est de constater que la déclaration de Madame Joly fait plutôt preuve d'une meilleure connaissance et d'un respect pour l'autre tradition française, celle des citoyens ; citoyens qui ne veulent plus qu'on leur vole leurs nombreuses luttes de résistances.


Tradition d'ingérence militaire:

La presse a à juste titre considéré que c'était une attaque à la double nationalité de Madame Joly. 
Mais les journalistes n'ont pas souligné le caractère particulier de cette réaction du Ministre sur le sol de la Côte d'Ivoire.
En effet ceux qui ont suivi les évènements en Côte d'Ivoire se rappellent de la campagne médiatico-politique sur "l'Ivoirité" et des accusations de xénophobie lancées par une certaine classe française contre ceux qui n'étaient pas favorables à la candidature d'Alassane Ouattara à la présidentielle ivoirienne. Ce dernier a bénéficié d'un soutien militaire français total au détriment de la vie de centaines d'Ivoiriens.
Où l'on comprend qu'il ne s'agit point d'un problème de double nationalité, mais plutôt d'un problème d'allégeance ou non à une certaine idéologie favorable à une conception coloniale des relations avec l'Afrique.

Mais une des questions qui mérite d'être posée à l'occasion d'une élection présidentielle est plutôt celle-là : le candidat fait-il allégeance au peuple, ou fait-il allégeance à une puissance étrangère au détriment du peuple ?

Gilbert Léonard