Les dirigeants africains veulent "une place dans la gouvernance mondiale"

Les dirigeants africains veulent "une place dans la gouvernance mondiale"
Nicolas Sarkozy accueille le président du Nigeria, Goodluck Jonathan, au Palais des congrès de Nice, lundi 31 mai.
AP/Eric Gaillard
Nicolas Sarkozy accueille le président du Nigeria, Goodluck Jonathan, au Palais des congrès de Nice, lundi 31 mai.

 

Les dirigeants africains  ont appelé lundi 31 mai lors du sommet Afrique-France à Nice, à se voir attribuer toute leur place dans les grandes enceintes internationales, Conseil de sécurité de l'ONU en tête.

Au sein de ce conseil, l'Afrique ne peut continuer à être la "cinquième roue de la charrette", a souligné le président du Congo-Brazzaville, Denis Sassou Nguesso. "Le Conseil de sécurité ne peut rester sans l'Afrique, tel qu'il avait été décidé après la Seconde Guerre mondiale", a-t-il ajouté sur France Info.

"Il faut être prêt à faire une place à l'Afrique dans la gouvernance mondiale. (...) Aucun, absolument aucun des grands problèmes auxquels notre monde est confronté ne pourra trouver de solution sans la participation active du continent africain", a convenu en séance plénière le président français, Nicolas Sarkozy. Il est "absolument anormal que l'Afrique ne compte aucun membre permanent au Conseil de sécurité", a-t-il ajouté sous les applaudissements des cinquante et une délégations africaines représentées. Il a promis des "initiatives" lors de la présidence française du G8 et du G20, laquelle commence en fin d'année.

Le président égyptien, Hosni Moubarak, qui copréside le sommet, a lui aussi plaidé pour une meilleure représentation de l'Afrique. "Nous voulons à tout prix mettre fin à la marginalisation dont souffre le continent africain, pour qu'il puisse participer d'une voix claire et forte à la prise de décision politique et économique au niveau international", a déclaré le président égyptien.

En prélude au sommet, les ministres des affaires étrangères des pays représentés à Nice ont longuement débattu du sujet. "On n'a pas trouvé de solution. On a trouvé la manière de commencer à se donner les moyens d'être plus réaliste", avait expliqué à l'AFP et à la radio RFI le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner. Selon plusieurs diplomates africains, la discussion a été "houleuse", parfois "très dure". "Certains ont remis en question la légitimité de la France à lancer ce débat", selon un diplomate gabonais.

"ASYMÉTRIE DES PROFILS"

L'Afrique, qui représente 27 % du total des Etats membres des Nations unies, ne dispose que de trois sièges de membres non permanents au Conseil de sécurité, lequel voit une réforme pour tenir compte des nouveaux équilibres mondiaux bloquée depuis des années. Ce conseil est composé de cinq membres permanents (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France), puissances nucléaires dotées d'un droit de veto, et de dix membres non permanents. Depuis 2005, les pays africains réclament deux sièges permanents avec droit de veto et au moins deux sièges non permanents supplémentaires. La France plaide pour un élargissement progressif, qui commencerait par un siège permanent.

Au cours du sommet, qui s'achèvera mardi en milieu de journée, les dirigeants français et africains devaient aussi aborder les problèmes de terrorisme et de trafic de drogue, et les enjeux climatiques.
Dimanche soir, sur ce dernier sujet, "les Africains ont souligné l'asymétrie des profils : entre l'Occident pollueur et l'Afrique polluée à qui on demande en plus des efforts", a résumé un diplomate gabonais. Présenté comme celui du "renouveau", le 25e sommet Afrique-France est ouvert pour la première fois à des acteurs non étatiques, notamment, lors d'ateliers, à des représentants de 150 entreprises africaines et 80 françaises.

Evoquant les "crises institutionnelles en Afrique", le président français a par ailleurs tenu à rappeler que la démocratie et les droits de l'homme n'étaient "pas des valeurs occidentales [mais] des valeurs universelles", à la "satisfaction" de l'ONG Human Rights Watch. L'ONG avait appelé les pays représentés à Nice à s'engager publiquement en faveur d'une justice nationale et internationale indépendante pour les violations graves des droits humains.