Obama se demande à qui "botter le derrière" après la marée noire.

Obama se demande à qui "botter le derrière" après la marée noire.

VENICE, Louisiane (Reuters) - Le président Barack Obama se demande "à qui botter le derrière" après la marée noire dans le golfe du Mexique, accentuant encore la pression sur BP.

Le groupe pétrolier britannique a annoncé que le dôme de confinement mis en place au-dessus de la fuite avait permis de récupérer 14.800 barils de brut lundi, contre 11.100 la veille. L'objectif est d'atteindre 20.000 barils par jour.

Barack Obama au téléphone avec le nouveau premier ministre britannique, David Cameron, mardi 11 mai.

AFP/JIM WATSON

Barack Obama au téléphone avec le nouveau premier ministre britannique, David Cameron, mardi 11 mai.

Dans une interview diffusée mardi par la chaîne de télévision NBC, Barack Obama, adoptant un ton très ferme, a rejeté les critiques et rappelé qu'il s'était rendu sur les lieux de la marée noire avant même que "la plupart de ces beaux parleurs" ne prêtent attention à la catastrophe.

"Et je ne réunis pas ces experts autour de moi dans le seul but de tenir un séminaire. Nous parlons à ces gens parce qu'ils peuvent nous donner les meilleures réponses et me permettre de savoir à qui je dois botter le derrière (pour obtenir des résultats)", a-t-il ajouté.

Le chef de la Maison blanche n'a pas caché que si Tony Hayward, directeur général de BP, avait été sous ses ordres, il n'aurait pas hésité à le limoger en raison de son incapacité à juguler la marée noire qui dure depuis cinquante jours - le pire désastre écologique qu'aient connu les Etats-Unis.

"Selon les premières informations (des enquêteurs), il n' y a peut-être pas eu seulement une erreur humaine mais aussi des négligences en matière de sécurité", a-t-il dit.

Un porte-parole de BP a confirmé que le numéro un du groupe témoignerait pour la première fois le 17 juin devant des parlementaires américains.

NÉGLIGENCES EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ

Tony Hayward a affirmé que la catastrophe n'avait rien à voir avec de quelconques économies budgétaires que son groupe aurait cherché à faire.

L'action BP a clôturé en baisse de 5% à Londres après les déclarations du président américain. Elle a perdu environ un tiers de sa valeur depuis le 20 avril, jour de l'accident sur la plate-forme Deepsea Horizon.

BP a fait savoir mardi que les recettes nettes du pétrole en provenance de son puits serviraient à restaurer la faune et la flore des côtes du golfe du Mexique.

"BP s'engage à protéger les écosystèmes et la faune et la flore des côtes du golfe", a indiqué Hayward dans un communiqué.

"Les recettes de la vente du pétrole du puits seront utilisées pour tenir cet engagement".

D'après les estimations de scientifiques américains, la fuite dans le golfe du Mexique oscille entre 12.000 et 19.000 barils par tranche de vingt-quatre heures. Les calculs de l'administration fédérale font pour leur part état d'un rejet maximal de 25.000 barils par jour.

La fuite pourrait être bouchée en août. Une fois colmatée, il faudra alors quatre à six semaines au moins pour nettoyer les nappes polluantes et les 200 km de côtes souillées de Louisiane jusqu'en Floride, a indiqué l'amiral des garde-côtes Thad Allen.

69% DES AMÉRICAINS MÉCONTENTS DU GOUVERNEMENT

Barack Obama s'est efforcé de rassurer ses compatriotes en déclarant que la marée noire serait contenue.

"Ce sera endigué", a déclaré le président américain à l'issue d'une réunion gouvernementale sur ce sujet lundi à la Maison blanche. "L'impact économique de cette catastrophe sera important et cela va continuer", a toutefois ajouté Obama, qui s'est rendu vendredi pour la troisième fois en Louisiane.

Selon un nouveau sondage diffusé par le Washington Post et ABC, 69% des Américains estiment que la réponse apportée par l'administration fédérale a été très ou plutôt mauvaise.

Eric Faye, Henri-Pierre André, Guy Kerivel et Marine Pennetier pour le service français