THABO MBEKI SUR LA RCI (2)
THABO MBEKI SUR LA RCI
«Pourquoi les Nations Unies privilégient-elles les anciennes puissances coloniales sur notre continent ? », interroge l’ancien président Sud-africain Thabo Mbeki dans le présent article qu’il a à l’origine rédigé pour le Magazine Américain, Foreign Policy. Il affirme que le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies a pris l’étrange décision d’outrepasser son mandat en Côte d’Ivoire en se permettant de déclarer le vainqueur de l’élection présidentielle contrairement à sa mission telle que détaillée par le Conseil de Sécurité. Ce fait place l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) au rang de ‘’faction’’ partisane dans le conflit Ivoirien contrairement à la neutralité pacificatrice dont elle était censée faire preuve. Les africains eux-mêmes peuvent et doivent s’engager résolument dans la résolution des crises sur le sol africain.
L’erreur du monde en Côte d’Ivoire
Le second tour de l’élection présidentielle du 28 novembre 2010 en Côte d’Ivoire a opposé deux opposants historiques, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Pour cette raison et pour l’importance stratégique de l’élection, cette bataille électorale allait inévitablement sceller le sort à long terme du pays.
Toutes les parties concernées auraient dû réfléchir profondément à cette inexorable question critique : les élections de 2010 créeraient-elles les conditions qui établiraient la base du meilleur avenir possible pour le peuple ivoirien ? Hélas ! Cela n’a pas été le cas. Bien au contraire, il y a une communauté internationale qui martelait que seule la tenue d’élections démocratiques en Côte d’Ivoire serait le gage de la résolution de la crise que le pays traversait quand bien même les conditions minimales requises en vue de la bonne tenue d’un tel exercice étaient inexistantes. Alors même qu’ils savaient cette proposition intrinsèquement illégitime, les Ivoiriens n’ont pas pu résister à cette pression internationale et ont organisé lesdites élections. Toutefois, la réalité objective était que les élections présidentielles telles que tenues en Côte d’Ivoire n’auraient jamais dû se tenir dans les conditions dans lesquelles elles se sont tenues. En réalité, elles portaient en elles les germes d’une exacerbation du conflit qu’elles étaient censées résoudre.
Pour mémoire, la Côte d’Ivoire a été déchirée en 2002 par une rébellion qui a coupé le pays en deux parties : une partie nord contrôlée par les forces rebelles regroupés au sein des Forces Nouvelles acquises à la cause de Alassane Ouattara et une partie sud aux mains du gouvernement dirigé par Laurent Gbagbo. Depuis lors, la Cote d’Ivoire s’est retrouvée avec deux gouvernements, deux administrations, deux armées, et deux leaders ‘’nationaux’’.
Toute élection tenue dans des circonstances similaires ne peut qu’envenimer inévitablement la division de la société et aiguiser les tensions sociales nées et exacerbées du fait de la rébellion de 2002.
Les causes structurelles de la rébellion de 2002 trouvent leur fondement dans des questions sensibles dont des tensions transnationales affectant particulièrement la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, des antagonismes ethniques et religieuses en Côte d’Ivoire, le partage du pouvoir politique ainsi que l’accès au pouvoir et aux opportunités économiques et sociales.
Les griefs
La communauté internationale n’a pas su, dans un tel contexte, apprécié à leur juste valeur des critiques portant sur plusieurs allégations explosives qui, à tort ou à raison, ont alimenté et continuent d’alimenter les opinions forgées par les populations en faveur de Gbagbo dans le sud de la Côte d’Ivoire ainsi que par une forte majorité de l’Afrique francophone. Il s’agit en l’occurrence d’assertions selon lesquelles Ouattara est un étranger né au Burkina Faso ; qu’il est avec le président Burkinabé Blaise Compaoré responsable de la rébellion de 2002 ; que son accession au pouvoir aboutirait à une prise d’assaut du pays particulièrement par les étrangers Burkinabé ; et que historiquement, à ce jour, il s’est toujours disposé à faire la part belle aux intérêts français en Côte d’Ivoire.
Ayant mis tous ces éléments dans la balance, l’Union Africaine (UA) a bien compris qu’un accord négocié entre les deux factions ivoiriennes belligérantes s’avérait nécessaire pour une solution durable à la crise ivoirienne sur la base des questions interdépendantes de démocratie, de paix, d’unité et de réconciliation nationale.
Ainsi, de négociations en négociations depuis 2002, les ivoiriens se sont résolus à assujettir la tenue de l’élection présidentielle aux conditions fixées. Au nombre desdites conditions figurent en toile de fond la question de la réunification du pays, le redéploiement de l’administration nationale sur toute l’étendue du territoire ivoirien ainsi que le désarmement des rebelles et de toutes les milices, suivi de leur intégration dans le creuset sécuritaire national dont le dernier processus devrait être achevé au moins deux mois avant la tenue de ladite élection présidentielle.
Malgré le fait que la moindre de ces conditions n’ait été réunie, les élections présidentielles se sont tenues. Finalement, Alassane Ouattara a été installé président de la Côte d’Ivoire. Gbagbo et son épouse Simone en sont sortis prisonniers humiliés.
Cette crise s’est surtout soldée par la mort de beaucoup d’ivoiriens ; les plus chanceux ont été déplacés, la plupart des infrastructures détruites et les animosités historiques exacerbées.
Ce qui a provoqué le désastre
Il faut attribuer à une telle fin à de nombreux non événements. Les accords relatifs à ce qui devrait se faire en vue de créer les conditions d’élections libres et justes ont été volontairement et dédaigneusement ignorées.
Le Conseil Constitutionnel Ivoirien (CC) est constitutionnellement le seul organe habilité à valider le résultat et donc à proclamer le vainqueur de toute élection et à installer le président, la Commission Electorale Indépendante (CEI) n’ayant pour mandat que de faire suivre les résultats provisoires au Conseil Constitutionnel.
Cependant, ceux-là mêmes qui insistent sur l’inviolabilité des lois en tant que fondamental à toute pratique démocratique ont été illégalement choisis pour certifier les résultats provisoires annoncés à titre personnel par le président de la CEI comme résultats authentiques et définitifs de l’élection présidentielle.
Comme le lui permettait la loi, Gbagbo a contesté la transparence des élections dans certains endroits en particulier dans le nord du pays. Le CC a, à tort ou à raison, admis la majorité des plaintes formulées par Gbagbo, identifié d’autres ‘’irrégularités’’, annulé le vote dans certaines régions et déclaré Gbagbo vainqueur.
Le président de la CEI n’a pas tenu compte des irrégularités relevées et a décidé de manière unilatérale que le véritable vainqueur était Ouattara.
L’envoyé du Secrétaire Général des Nations Unies Ban Ki-moon, son compatriote Sud-coréen Young-jin Choi, Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies (RSSGNU) a également annoncé publiquement la victoire de Ouattara, mais sur la base d’un nombre de voix moindre que celui annoncé par la CEI, après avoir jugé recevables certaines des plaintes formulées par Gbagbo.
Concernant les voix obtenues par les deux candidats, la CEI, le CC et le RSSGNU ont fait trois déterminations différentes.
Selon Gbagbo, en vue de la résolution de cette crise qui conditionne la légitimation de l’expression de la volonté des ivoiriens, il fallait mettre en place une commission internationale en vue de vérifier les résultats des élections avec cette condition sine qua non préalable que aussi bien lui que Ouattara accepterait les conclusions de ladite commission. Cette proposition a été rejetée par la communauté internationale en dépit du fait qu’elle aurait résolu ce litige électoral sans qu’il ait été nécessaire de recourir à la guerre et en dépit du fait que certains observateurs internationaux ont émis des doutes quant à la transparence des élections en particulier dans la partie nord de la Côte d’Ivoire.
A titre d’exemple, en se prononçant sur l’organisation des élections dans le nord du pays, la mission d’observation de l’UA conduite par l’ancien premier ministre togolais Joseph Kokou Kofigoh, la Société civile africaine pour la démocratie et l’assistance sociale conduite par la sénégalaise Seynabou Indieguene et la Coordination des Experts Africains en Election (CAEE) du Cameroun, du Sénégal, du Bénin, du Mali, du Maroc, du Gabon et du Togo conduite par le Camerounais Jean Marie Ongjibangte ont tous tiré la sonnette d’alarme au sujet des élections telles qu’elles se sont tenues dans le nord de la Côte d’Ivoire. La CAEE s’est par exemple exprimée en ces termes : ‘’Après avoir échangé des informations avec d’autres observateurs nationaux et internationaux, nous affirmons par la présente que le second tour des élections présidentielles en Côte d’Ivoire a été émaillé de problèmes graves dans certaines régions, en particulier celles du nord…
‘’Ces problèmes sont relatifs à des vols d’urnes, à l’arrestation des représentants des candidats, à des votes multiples, au refus d’accepter la supervision du décompte des voix par les observateurs internationaux et à l’assassinat des représentants des candidats. Eu égard à tous ces faits, nous déclarons par la présente que le second tour des élections n’a été ni libre, ni juste encore moins transparente dans ces localités du nord.’’
Le rapport de la Cedeao non rendu !
La mission d’observation de l’élection pour le compte de la Cedeao n’a pas, pour sa part, à ce jour, publié son rapport sur le second tour des élections présidentielles en Côte d’Ivoire ! Pourquoi ? La commission internationale indépendante proposée par Laurent Gbagbo aurait dû être mise en place et habilitée à l’effet de prendre une mesure définitive et contraignante sur ce qui s’était passé. Le temps nous dira pourquoi cela n’a pas été fait !
Qui plus est, le RSSGNU a pris la résolution pour le moins étrange d’outrepasser son mandat en déclarant le vainqueur de l’élection, à contrario de ses attributions telles que fixées par le Conseil de Sécurité. Ce fait, au risque de nous répéter, place l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) au rang de ‘’faction’’ partisane dans le conflit Ivoirien contrairement à la neutralité pacificatrice dont elle était censée faire preuve à équidistance des parties en situation de belligérance. Dès lors, l’ONUCI n’avait plus d’autre choix que d’œuvrer activement à l’installation de Ouattara comme président du pays et partant, au départ de Gbagbo.
C’est cela qui, en dernier ressort, justifie l’usage éhonté par l’ONUCI de son potentiel militaire pour ouvrir la voie aux Forces Nouvelles qui ont ainsi vaincu les forces de Gbagbo et ont réussi à le capturer sous l’impudique prétexte qu’elles agissaient dans le sens de la protection des civils.
Alors même qu’elle avait obligation de faire prévaloir son mandat de pacificateur qui consistait en un maintien à égales distances des forces belligérantes, l’ONUCI n’a engagé aucune action pour stopper l’avancée des Forces Nouvelles depuis le nord du pays jusqu’au sud à Abidjan.
Ni l’ONUCI encore moins la Force française Licorne, conformément au mandat à elles fixées par les Nations Unies, n’ont aucunement protégé les populations civiles dans la région de Duékoué, où, à l’évidence, le plus grand massacre de civils a eu lieu !
Cela n’est pas sans rappeler l’échec des Nations Unies à mettre fin aux meurtres et abus les plus catastrophiques qui ont été perpétrés dans l’est de la République Démocratique du Congo.
Des conclusions indiscutables
La réalité ivoirienne soulève un certain nombre de conclusions indiscutables. Les conditions convenues en vue de la tenue d’élections démocratiques en Côte d’Ivoire n’ont en aucune mesure été mises en place.
La communauté internationale a refusé de procéder à la vérification du processus électoral et a proclamé les résultats, ce, en dépit des fortes allégations de fraude électorale. Une telle attitude laisse sans réponse la question cruciale du véritable vainqueur des élections, ce que Ouattara aurait dû faire.
Usant de sa place de choix au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies, la France a réussi à s’assigner un important rôle dans la détermination de l’avenir de la Côte d’Ivoire, son ancienne colonie au sein de laquelle elle détient, entre autres, de prestigieux intérêts économiques. Elle s’est jointe aux Nations Unies en vue de s’assurer que Ouattara sorte victorieux du conflit Ivoirien. Cela ne fait que justifier les intérêts nationalistes de la France en rapport avec sa politique de Françafrique dont l’objectif est de perpétuer une relation particulière avec ses colonies africaines. L’ancien président français François Mitterrand ne disait pas autre chose, lui qui affirmait : « La France n’aura pas d’histoire au 21e siècle sans l’Afrique », toute chose qu’a confirmé l’ancien ministre français Jacques Godfrain lorsqu’il affirmait « Un petit pays (la France) avec juste un peu de force, nous pouvons faire bouger toute une planète grâce à nos relations avec 15 ou 20 pays africains…’’
L’UA n’est pas non plus sans reproche dans la mesure où elle a failli dans son objectif de persuasion de tous les acteurs à œuvrer en faveur de la réconciliation et partant, d’une paix durable entre ivoiriens.
Aussi tragique qu’ils ont été, les événements survenus en Côte d’Ivoire creusent davantage le fossé béant du conflit endémique qui sévit dans le pays. Cela se doit au fait que le pays a fait confiance à la rébellion manquée de 2002 en lui confiant le pouvoir de décider du futur du pays alors que la situation objective imposait et impose que le peuple ivoirien, dans toutes ses composantes, s’engage dans la détermination de leur destin commun.
Gbagbo, au cours de la décennie durant laquelle il a dirigé la Côte d’Ivoire en tant que président, n’avait eu aucune possibilité d’agir comme de raison pour réunifier le pays et le réconcilier à travers toutes ses composantes en dépit de l’existence d’accords négociés dans ce sens. En dirigeant lui aussi la Côte d’Ivoire en tant que président, Ouattara ne pourra point atteindre ces objectifs, comme de raison, en dehors du cadre d’un accord honnête, sérieux, conclu avec les sections de la population ivoirienne représentée par Gbagbo.
Ce qui devait arriver a été prédit par l’ambassadeur des Etats Unis en Côte d’Ivoire d’alors, Wanda L. Nesbit qui en juillet 2009 conseillait le gouvernement américain en ces termes :
«Il ressort à présent que l’accord de Ouaga IV, (le quatrième accord appelé Accord Politique de Ouagadougou qui prescrivait que le désarmement doit précéder les élections) est fondamentalement un accord entre Blaise Compaoré (Président du Burkina Faso) et Laurent Gbagbo en vue de partager le contrôle du nord jusqu’au lendemain de l’élection présidentielle en dépit du fait que le texte en appelle aux Forces Nouvelles de restituer le contrôle du nord du pays au gouvernement et d’achever le désarmement deux mois avant la tenue des élections…
« Mais en attendant la création d’une nouvelle armée nationale, les 5 000 soldats des Forces Nouvelles qui doivent être ‘’désarmés’’ et regroupés dans des casernes dans quatre villes clés du nord et de l’ouest du pays représentent une sérieuse force militaire que les Forces Armées des Forces Nouvelles (FAFN) ont l’intention de maintenir bien formée et en réserve jusqu’au lendemain de l’élection. La cession du pouvoir administratif des FAFN aux autorités du gouvernement civil est une condition sine qua non pour les élections, mais comme le confirment des voyageurs dans le nord (y compris le personnel de l’ambassade), les FAFN maintiennent un contrôle absolu de la région en particulier en ce qui concerne les finances.»
Les victimes
Le fait que les ‘’conditions préalables à l’organisation des élections’’ n’aient pas pu être mises en place augurait de sa finalité. Le ‘’contrôle’’ du nord par les forces rebelles dont a fait mention l’ambassadeur Nesbitt préfigurait l’issue des élections présidentielles de 2010.
Similairement, il a été fait usage de la ‘’puissance militaire’’ de la rébellion, que l’ambassadeur Nesbitt a mentionnée, pour asseoir la victoire de Ouattara en tant que président de la Côte d’Ivoire. C’est donc à juste titre qu’au plus fort de la crise postélectorale, Laurent Gbagbo s’est écrié : «On m’a trahi!» En fin de compte, cette crise a fait un grand nombre de victimes. Il y a en premier chef l’Union Africaine. Les événements tragiques survenus en Côte d’Ivoire ont confirmé la marginalisation de cette Union quant à son aptitude à venir à bout des plus grands défis auxquels l’Afrique se trouve aujourd’hui confrontée. Bien au contraire, l’UA a ainsi plutôt légitimé l’intervention et l’aptitude de ces grandes puissances à relever lesdits défis en faisant usage de leurs différentes forces militaires pour légitimer leurs actions de persuasion des Nations Unies à autoriser leurs propres interventions égoïstes en Afrique.
L’Organisation des Nations Unies est également une autre victime. Elle a irrémédiablement sapé son autorité en tant que force neutre dans la résolution des conflits internes tels que celui qui vient de se dérouler en Côte d’Ivoire. Il est à présent difficile pour l’ONU de convaincre l’Afrique et le reste du monde en développement qu’elle n’est pas un simple instrument à la solde des grandes puissances du monde. Cela a confirmé l’urgence de la nécessité d’une restructuration de cette organisation sur la base du point de vue selon lequel dans sa structuration actuelle, l’ONU n’a aucun pouvoir pour agir en tant que véritable représentant démocratique de ses états membres.
Ainsi, les événements survenus en Côte d’Ivoire pourraient, de plusieurs manières, servir de base pour ce qui est de l’urgente nécessité de redéfinition du système des relations internationales.
Par leurs agissements, les grandes puissances ont mis à nue la triste réalité de l’équilibre et de l’abus de pouvoir en période post-Guerre froide et ont fait leur la thèse fictive selon laquelle elles respectent l’autorité de la loi dans la conduite des relations internationales, même telles que définies par la charte des Nations Unies, et que, en tant que démocrates, elles respectent les points de vue des peuples du monde.
Il faut seulement espérer que Laurent Gbagbo et le peuple ivoirien ne continuent pas de payer le lourd tribut d’abusés et de victimes d’un système global qui, dans la quête de ses intérêts, tout en criant haut et fort les droits universels de l’homme, ne cherche en réalité qu’à perpétuer la domination de la masse par un groupuscule qui a à disposition la prépondérance du pouvoir politique, économique, militaire ainsi que le pouvoir des média.
Les événements pervers et venimeux qui ont affligé la Côte d’Ivoire posent là cette question pressante: Combien de cas flagrants d’abus de pouvoir l’Afrique et les autres pays en développement du monde devront-ils encore subir avant l’avènement d’un véritable système démocratique de gouvernance globale ?
In Magazine NewAfrican