Une guadeloupéenne présente au Premier Sommet Mondial des Jeunes Afro-descendants au Costa Rica (2)

cumjumvaUne guadeloupéenne présente au Premier Sommet Mondial des Jeunes Afro-descendants au Costa Rica

L’année 2011 a été retenue Année internationale des Afro-descendants par l’Organisation des Nations Unies. Dans le cadre de cette célébration, le Premier Sommet Mondial des Jeunes Afro-descendants s’est déroulé du 5 au 7 Octobre 2011, à San José, Costa Rica. Organisé par l’Association du Projet Caribéen en coordination avec le Cercle des Jeunes Afro-descendants des Amériques, avec le soutien du Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, le Fonds des Populations des Nations Unies, le Programme des Nations Unies pour le Développement , l'Université du Costa Rica, le Ministère de l’Education Publique du Costa Rica, et l'Université Latino-américaine des Sciences et Technologies du Costa Rica.

Plus de 150 jeunes délégués représentant 40 pays d’Amérique, de la Caraïbe, d’Europe et d’Afrique étaient réunis activement pour discuter de la situation des jeunes afro-descendants à travers des conférences, des ateliers, des débats et des sessions de travail. Ces délégués étaient encadrés de représentants d’organismes internationaux et régionaux, d’agences coopératives, d’activistes du mouvement noir international et d’observateurs.
Le but principal de ce sommet était de servir comme “plateforme pour examiner et analyser les progrès réalisés [...] des jeunes afro-descendants, dans le cadre du renforcement de leurs articulations sociales et politiques et leur autonomisation dans le monde entier”, selon lesiteducomitéorganisateur.

Les points forts du sommet
Selon Epsy Campbell, Directrice exécutive du Centre des femmes Afro-costaricaine, il y a quatre obstacles principaux à franchir pour diminuer les discriminations chez les afro-descendants : les problèmes politiques, l’éducation, l’éradication de la violence et les loisirs, comprenant les arts et la culture.
À l’aide d’ une étude comparative menée de 1996 à 2008, présentée par Anhamona Silva de Brito, Secrétaire de Politiques d’Action Positive du Brésil, une carte des violences chez les jeunes brésiliens a pu être construite. Elle révèle clairement que les morts les plus fréquentes au Brésil concernent les jeunes afro-descendants, avec une augmentation de 100 morts en moyenne par année.
Le Président de l’Association du Projet Caribéen, M. Donald Allen aura retenu mon attention grâce à un rappel sur les acteurs pionniers de notre histoire en commençant par Marcus Garvey afin d’insister sur la nécessité de puiser notre énergie à travers les actions menées par ces grands Hommes.
Au fil des présentations, on constate que notre principale tare est une absence de base de données concrètes sur les afro-descendants dans le monde, ce qui empêche de connaître
précisement l’état actuel. De plus un dénominateur commun, le racisme, s’est progressivement révélé sous forme de cause principale des nombreuses inégalités chez les afro-descendants. Il a été clairement répété qu’il est du devoir du gouvernement de reconnaître que les obstacles rencontrés chez les blancs et les noirs ne sont pas les mêmes afin d’instaurer des lois propres adaptées à nos besoins. Parmi les nombreux éléments de réponses, on pourra retenir que l’enseignement d’une éducation inter et intraculturelle, ainsi qu’un renforcement des moyens de communications aideraient à réduire ces inégalités. A ce sujet, M. Maurice Bryan, représentant du Groupe International des Droits des Minorités, nous a présenté une autre manière de communiquer à l’aide de nouvelles technologies. Il considère que l’utilisation des médias, de réseaux sociaux comme moteur d’un mouvement est indispensable car si “on veut changer les attitudes, on a besoin d’utiliser les médias”. Il a ajouté que la communication est très simple car il suffit de posséder un téléphone portable et un logiciel de création de films tels que windows media, imovie pour réaliser une vidéo. Que manque-t’il ? Seulement un message vecteur du changement à faire circuler. Selon lui, internet représente le meilleur moyen de communication car c’est un réseau international qui permet de faire voyager une idée de manière instantanée et rapide.
Il a comparé le pouvoir de l’image, image et mots, face au seul pouvoir des mots en soutenant que présenter une organisation non gouvernementale, une association à l’aide d’une vidéo postée sur Youtube permettrait de la valoriser et de garantir une efficacité d’actions. À l’aide de ces images claires et de ce message précis, on augmenterait ainsi les futurs partenariats et l’accomplissement de projets.

La clôture du sommet
Suite aux divers débats et propositions de politiques publiques, ce sommet s’est clôturé par l’élaboration de la DéclarationfinaleduSommetmondialdesjeunesafrodescendendantsrédigée par les jeunes, composée de 23 points. Elle rappelle notamment les inégalités que subissent la communauté afro-descendante, la forte pauvreté, l’exclusion, la discrimination raciale, la vulnérabilité de cette population, la précarité chez les jeunes. Un appel a été lancé aux gouvernements, à la communauté internationale et au mouvement afro-descendant dans le but d’établir et de concevoir des stratégies adaptées aux besoins et aux demandes des jeunes afro-descendants, dans tous les agendas et les espaces de revendications de leurs droits.

Malgré un débat mené principalement par les conférenciers incluant peu d’interactions avec les jeunes délégués, cette conférence est un pas de plus vers l’égalité de nos droits. Cette riche expérience a permis de créer un lieu stratégique de communication, ainsi que de tisser la toile du réseau nécessaire pour assurer un travail et la réalisation de projets, notamment en rapprochant les jeunes afro-descendants entourés de mentors, prêts à mener cette lutte.
Afin de maintenir ce dialogue vivant, Chandrai Estevez, Secrétaire exécutive Cercle des Jeunes Afro-descendants des Amériques a annoncé, lors de la cérémonie de clôture, que la Deuxième édition du Sommet Mondial des Jeunes Afro-descendants sera célébrée en 2014.

 

 

Mon expérience
Nous formions un groupe homogène où l’équilibre et le respect régnaient malgré nos différents pays d’origines. Je fus stupéfaite par l’engouement, la passion et l’optimisme des jeunes afro-descendants, en particulier ceux de l’Amérique Centrale et du Sud. Avec regret, j’ai dû admettre, avoir moi aussi avalé les stéréotypes créés par certains sur ces régions.
En effet, je n’ai pas seulement vu un festival de peaux caramels aux courbes bien tracées et couronnées d’une chevelure tourbillonnante... ‘Awa an vwé nèg ossi, nèg kon nou mèm, nèg ki sav lévé, nèg ki sav lité!’ Pourquoi donc ne sont-ils pas sous les feux des projecteurs ?
La Caraïbe est une famille nombreuse aux enfants talentueux, dotés de capacités extraordinaires, malheureusement encore inexploitées, probablement dues aux vestiges de la colonialisation ou autres formes d’assimilation...

Je suis convaincue qu’en unissant nos forces, en participant davantage au débat pour éradiquer les discriminations que nous vivons, ainsi nous parviendrons à parler un langage commun pour recréer l’unité. Pour se faire, il est primordial que nous nous approprions notre histoire.
Depuis quelques années, pour prendre l’exemple de la Guadeloupe, nous assistons à l'ascension de la jeunesse de notre île, nous avons des prodiges qui se donnent les moyens pour réaliser leurs rêves, ‘fo nou kontinié ba yo on bel lan min. Woulo bravo ba zot tout’ é pa lagé komba la’ .
Nous les jeunes, sommes l’impulsion de la communauté, il est temps que nous prenions la parole activement, ‘é si yo vé pa ban nou’y nou ké sav twouvé micro an nou....pa pé !’

One love
Yasmyn Camier

 

‘Non, j’ai vu des noirs aussi, des noirs comme nous, des noirs qui savent se lever, des noirs qui savent lutter!’

‘Nous devons continuer à les encourager. Félicitations à tous et n’abandonner pas le combat.’

‘Et si ils ne veulent pas nous la donner, nous saurons trouver notre micro, n’ayez pas peur!’