Eric Zemmour condamné pour provocation à la haine raciale

Eric Zemmour condamné pour provocation à la haine raciale

Le chroniqueur Eric Zemmour a été condamné vendredi à une amende avec sursis de 2.000 euros pour provocation à la haine raciale ou à la discrimination après ses propos sur les "noirs et les arabes".

Les parties civiles se sont réjouies d'une double condamnation, rappelant que "l'expression raciste n'est pas une opinion mais un délit" en France. Mais la défense retient la relaxe du journaliste pour l'une des poursuites.

La condamnation a été accueillie avec "consternation" par le secrétaire d'Etat aux Transports, Thierry Mariani, tandis que le collectif d'élus UMP Droite populaire a dénoncé une "dérive judiciaire de la liberté d'expression".

Eric Zemmour était poursuivi pour avoir affirmé le 6 mars 2010 sur l'antenne de Canal+ que les Français issus de l'immigration étaient plus contrôlés que les autres "parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes".

Sur France Ô, il avait déjà assuré que les employeurs "ont le droit" de refuser des postulants arabes ou noirs.

Le tribunal a relaxé Eric Zemmour du chef de diffamation raciale mais il a retenu la provocation à la haine raciale dans l'un des deux dossiers le visant et la provocation à la discrimination raciale dans le second.

Pour son avocat, Olivier Pardo, le jugement donne en partie satisfaction à Eric Zemmour car le délit de diffamation raciale était le seul retenu par les principales parties civiles pour les propos tenus sur l'antenne de Canal+.

"C'était également la seule infraction qu'avait reprochée le procureur de la République dans ses réquisitions. Ajoutons que c'est uniquement sur ce terrain que la polémique s'était enflammée", dit-il dans un communiqué.

Dans le premier cas, le chroniqueur devra verser 1.000 euros de dommages et intérêts à chacune des trois parties civiles et payer 2.000 euros de frais de justice. Dans le second, il devra verser 1.000 euros à chacune des deux parties civiles et 7500 euros de frais de justice.

CONDAMNATION DE PRINCIPE

"Nous sommes totalement satisfaits car il s'agit d'une condamnation de principe", a dit Patrick Klugman, avocat de SOS Racisme, l'une des associations à l'origine des poursuites.

"Ce qu'il a eu, c'est un rappel à la loi. Il ne pourra plus continuer à tenir des propos visant à cibler certaines populations", a-t-il ajouté.

Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) a salué les deux condamnations du journaliste. "Le tribunal a sanctionné Eric Zemmour qui a cru pouvoir stigmatiser les individus en raison de leurs origines ethniques", dit-il dans un communiqué.

Le parquet avait requis une condamnation de principe, laissant au tribunal correctionnel de Paris le soin d'apprécier la peine.

Le maximum prévu par la loi pour ce délit est de un an de prison et 45.000 euros d'amende mais les parties civiles n'avaient réclamé que des sommes symboliques.

Le procureur, Anne Defontette, avait, à l'audience le 14 janvier, jugé les propos reprochés au journaliste d'autant plus graves qu'il s'agit "d'un polémiste reconnu, un trublion parfois et l'un des intellectuels les plus en vue."

Le journaliste a affirmé de son côté vouloir battre en brèche le "politiquement correct" et dénoncé une atteinte à la liberté d'expression.

Il a reçu le soutien de l'ex-ministre de l'Intérieur de gauche Jean-Pierre Chevènement, de l'ancien président du Front national Jean-Marie Le Pen et d'une trentaine de députés UMP.

Outre SOS racisme et le Mrap, la Licra, l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) et l'association J'accuse s'étaient portées partie civile devant le 17e chambre correctionnelle.