Karam vs Ribbe, Ribbe vs Karam le feuilleton continue

Karam vs Ribbe, Ribbe vs Karam le feuilleton continue

Patrick Karam, n° 2 présumé de la liste UMP à Paris, inaugure sa campagne en attaquant en justice, le 11 février 2010, aux frais de l’État, l’écrivain Claude Ribbe
 
Par Claude Ribbe

Les 22 mai 25 mai et 6 juin 2008, j’ai dit sur mon blog tout ce que je pensais de Patrick Karam, qui occupe depuis juillet 2007 les fonctions mystérieuses de «délégué interministériel à l’égalité des chances de Français d’outre mer» et qui est annoncé comme devant occuper la seconde place sur la liste UMP de Paris pour l’élection régionale de mars 2010.
 
Concernant Karam, j’invite celles et ceux que cela intéresse à se reporter aux articles publiés à ces trois dates, qui sont toujours en ligne sur ce blog, au grand dam de l’intéressé.
 
Qui est Patrick Karam ? Un particulier né à la Guadeloupe, mais qui n’a rien à voir avec l’histoire de la majorité des habitants de cette île, qui descendent d’esclaves africains.
 
Karam, lui, descend, de son propre aveu, d’une famille libanaise à la peau blanche, ce qui ne l’empêche pas de se faire passer pour un «Guadeloupéen» (sous-entendu noir de peau) qui serait le représentant incontournable de la «diversité».
 
L'Obama français, en quelque sorte. C’est à ce titre qu’il figurerait sur la liste de Valérie Pécresse… Mutatis mutandis, Karam est aux Antillais ce que Gérard Depardieu est à Alexandre Dumas.
 
Ses convictions et son passé sont imprécis. On l’a vu monter sur la scène du Zénith en 2004 pour présenter le spectacle de Dieudonné qu’il subventionnerait toujours en sous-main.
 
En même temps, il se dit proche d'Yves Kamani, chargé des "noirs" au CRIF. Il se dit tantôt « journaliste », tantôt «chercheur», tantôt «agent secret». Politiquement, il se définit comme « proche de l’extrême gauche ».
 
Mais il est encarté à l’UMP. Toujours est-il qu’il est apparu assez mystérieusement en 2004 dans le milieu associatif. À l’époque, il n’avait pas d’emploi et déclarait vivre de ses «économies». Il avait fondé une association, le Collectifdom, domiciliée chez lui, qui prétendait être représentative de l’Outre mer et affichait "60 000 adhérents ou sympathisants". En 2005, Patrick Karam, qui n’a pas, c’est le moins que l’on puisse dire, une grande envergure intellectuelle, s’est intéressé aux combats que je menais.
 
Il m’a proposé de soutenir ces combats en créant, au sein de son association, une «commission culture». En fait, et sans que j’en sois informé, Karam, profitant de son association pour approcher le milieu politique, offrait ses services à la fois au parti socialiste et à l’UMP. Nicolas Sarkozy, à l’époque ministre de l’Intérieur, lui ayant semblé avoir le plus de chances, il a misé sur ce candidat, dont il fit le siège dès le printemps 2005.
 
À l’automne 2006, Karam quittait la présidence de son association pour entrer en campagne. Surtout pour lui-même. Son idée était de continuer à se servir du Collectifdom pour légitimer son cheminement politique et, surtout, pour obtenir un emploi, au cas où Nicolas Sarkozy serait élu. Le père de Patrick Karam, originaire de Cuba, tenait, d’après ce que Karam m’a dit, des échoppes dans l’aérogare de Pointe à Pitre. Il avait de graves ennuis financiers. Or Patrick Karam dépendait des subsides paternels. Il lui fallait donc trouver de l’argent. Et vite.
 
J’ai accepté pendant quelques mois la présidence du Collectifdom, ce qui m’a permis de découvrir :
que cette association ne comportait que dix adhérents,
que ses statuts n’étaient pas en règle
que ses comptes ne l’étaient pas davantage
que le président de fait en était toujours Patrick Karam.
Prenant conscience de cette situation, et ne pouvant obtenir de comptabilité d’une trésorière qui n’obéissait qu’à Patrick Karam, je fus obligé de prendre mes distances avec cette association dès le printemps 2007, et de le faire savoir publiquement lorsque Patrick Karam fit passer, par le canal de l’association, mais sans que j’en sois informé au préalable, un communiqué ouvertement xénophobe que je ne pouvait accepter de cautionner.
 
Quel fut l’impact de Karam dans la campagne de Nicolas Sarkozy ? Outre mer, nul, voire néfaste. À Paris, il organisa un « meeting de soutien » rassemblant quelques centaines de curieux, dont le seul but était de démontrer qu’il était une personnalité appréciée dans la communauté de l’outre mer.
 
J’ai officiellement démissionné du Collectifdom lors d’une assemblée générale tenue 4 février 2008 en présence d’un huissier, qui en a dressé procès-verbal. Depuis lors, le président en est Charles Dagnet. Mais Patrick Karam, nommé à un poste de pure forme par Nicolas Sarkozy en juillet 2007, n’a pas renoncé à instrumentaliser cette association.
 
Il a continué à la diriger de fait, par l’intermédiaire d’un de ses affidés, Daniel Dalin, un employé de l’APHP qui se présente comme le président du Collectifdom, ce qu’il n’est pas et ne peut être. Le Collectifdom, dont le président de fait est Patrick Karam, est subventionné, directement et indirectement, par la délégation interministérielle à l’Outre-mer.
 
Son seul rôle, comme on peut le constater en visitant le site de Karam-Dalin, est de dire du bien de Patrick Karam et du mal des ennemis de Patrick Karam. Une seconde association, Tjenbé Rèd, remplit exactement le même rôle, envoyant force mailings pour dire que Karam est beau, gentil et intelligent.
 
D’autres associations, également subventionnées, directement ou indirectement par Patrick Karam, ont la même fonction. Je ne sais pas comment on qualifie le fait, pour quelqu’un qui est chargé d’une mission de service public, de subventionner une association dont on est président de fait et qui sert vos seuls intérêts.
 
Patrick Karam n’a pas attendu mes prises de position pour me poursuivre de sa vindicte. On me dit que cette vindicte s’expliquerait par une jalousie maladive : il verrait en moi un «rival politique», ce qui est curieux puisque je ne suis ni un homme politique ni membre de l’UMP et que la comparaison avec un pareil aventurier n’est pas flatteuse pour moi.
 
Cette jalousie, pour d’autres, serait teintée d’une forme particulière de négrophobie.
 
En tout cas, la vindicte de Karam, qui tourne à la monomanie, se traduite concrètement de deux manières :
 
D’abord par une campagne de diffamation menée en utilisant ses collaborateurs officiels : Béatris Dhib (précédemment salariée du Collectifdom dans des conditions que je présume irrégulières), puis un sieur Jordan Lolo Paolini, obscur aboyeur embauché comme "chargé de communication" et dont le rôle est d’appeler certains journalistes pour tenter de les prévenir contre moi ou d’éviter que je n’intervienne trop souvent à la radio ou à la télévision.
 
Cette campagne est prolongée de manière plus officieuse par des hommes de main tels que Daniel Dalin, précité, Frédéric Bulver, organisateur de bals boudin et chargé d'infiltrer les boîtes de nuit, ou, plus curieusement, Serge Romana, que Karam emploie pour accomplir les plus basses besognes : campagnes de mailing diffamatoires, appels téléphoniques anonymes de menaces, tentatives d’intervention lors de certaines de mes apparitions publiques, pressions auprès de mes éditeurs. D’autres personnes, principalement recrutées dans les milieux d’extrême droite, et qui sont aujourd’hui clairement identifiées, complètent ce gang peu reluisant qui gravite autour des bureaux occupés par Karam rue Oudinot.
 
Le volet plus officiel et le plus original de la vindicte de Karam à mon endroit s’exprime par une stratégie de persécution judiciaire entièrement menée aux frais de l’État. Karam, qui fait payer ses avocats, ses huissiers, ses avoués (et peut être même ses amendes ? J'attends d'en avoir la preuve pour l'affirmer) par l’hôtel Matignon, a engagé contre moi pas moins de 4 procédures dont aucune n’est fondée, mais qui ont toutes pour but de me faire perdre du temps et de l’argent. Des dizaines de milliers d’euros ont été payés par le contribuable dans le cadre de cette stratégie. Il est assez curieux que le délégué chargé d'aider les intellectuels originaires d’outre mer s’en prenne à l’un des plus connus d’entre eux en utilisant les deniers publics. Les électeurs apprécieront.
 
Karam a déposé plainte avec constitution de partie civile pour diffamation, ce qui, comme chacun le sait, entraîne mécaniquement un renvoi devant le tribunal qui, seul, peut apprécier si les faits sont diffamatoires ou pas.
 
En l’occurrence, ledit tribunal a déjà fait savoir à Patrick Karam, en le déboutant d’une action en référé et en lui infligeant de me verser une amende (dont je ne sais si elle a été payée par Karam ou pas l’État) que les propos tenus sur mon blog n’étaient pas diffamatoires. Cela n’a pas empêché Karam de s’acharner.
 
Avec les égards particuliers dus à un membre de la commission nationale consultative des droits de l’homme, j’ai été auditionné pendant dix minutes par un officier de police très aimable, qui reçoit, paraît-il, une plainte par semaine de Patrick Karam. Avant que je prenne congé, il m’a demandé ce que je pensais de Patrick Karam. J’ai répondu que c’était un con. Je crois que j’ai même dit « un sale con ». Le policier doit se souvenir. En tout cas, il a ri.
 
Pendant ce temps, le délégué interministériel téléphonait aux journalistes prêts à l’entendre, pour dire que j’aurais été « mis en garde à vue », torturé par la police et que j’en aurais uriné d’angoisse. Voilà les fantasmes masturbatoires de celui qui serait aujourd’hui numéro 2 de la liste UMP à Paris : m’imaginer en garde à vue, torturé par la police et me pissant dessus. Cela qui nous promet une belle campagne. Bon courage, Valérie ! Avec des amis comme ça sur ta liste, pas besoin d’ennemis. C’est Huchon qui doit se frotter les mains. J’attends avec impatience les résultats du scrutin.
 
Le nouvel épisode de ce feuilleton judiciaire aura lieu à l’audience publique de la 11e chambre correctionnelle qui se tiendra à 13 heures 30 le 11 février. Patrick Karam a peut-être eu tort d’engager cette procédure au moment où s’engage la campagne électorale pour les régionales en Ile de France. Ceux qui assisteront à l’audience comprendront pourquoi.
 
Patrick Karam se vante d’avoir le soutien de Nicolas Sarkozy. Mais du côté de ce dernier, on assure qu’on veut se débarrasser de Patrick Karam et que c’est pour cette raison qu’il a été imposé sur la liste de Valérie Pécresse en position éligible (ce qui a l’avantage de plomber gravement cette liste, donnée perdante à l’Élysée).
 
Si Karam dit vrai (et ce serait bien la première fois) pour quelle raison secrète Nicolas Sarkozy défendrait-il un individu de cette espèce et jusqu’où le défendra-t-il ? Quelle est la nature réelle des services rendus ou du chantage exercé ? Karam n’étant bon qu’à semer la zizanie et le désordre, mon opinion est que s’il a joué un rôle, ce n’a pu être que pour semer la zizanie, le désordre et la division chez les "noirs".
 
Cela peut être, à la longue, une politique extrêmement dangereuse. D’autant que Patrick Karam, même s’il a tenu à se faire décorer de l’ordre du Mérite par la Garde des Sceaux, dans l’espoir de montrer qu’il est au-dessus des lois, est pourtant loin d’être à l’abri d’un retour de boomerang de la Justice et qu’un coup de projecteur sur la réalité de ses activités n’est guère de nature à assurer la réélection de l’actuel président en 2012.
 
De plus, la proximité d’un Karam, toujours prévenu (bien qu’il dise le contraire) de détournement de fonds publics pourrait hypothéquer gravement les relations non seulement entre le Président et l’outre mer (on a déjà vu le résultat l’an passé en Guadeloupe où Karam est interdit de séjour) mais entre le Président et l’Afrique et l’ensemble de la diaspora africaine. Je pense en particulier aux Haïtiens et aux propos tenus par Karam sur le président Aristide, qui dénotent, d'ailleurs, une surprenante inimité avec Dominique de Villepin.
 
Karam se vante d’avoir torpillé la loi Taubira. Mais le président de la République qui, sur les conseils de Patrick Karam, s’est éclipsé de France le 10 mai 2009, le jour de la commémoration de l’abolition de l’esclavage est-il informé que, pour le 10 mai 2010, une importante cérémonie est en préparation à l’ambassade des États-Unis à Paris ?
 
Barack Obama, par cette action symbolique et profondément humiliante pour le Président de la République française, entend tout simplement montrer que la France est un pays raciste. S’il n’est pas informé de cette initiative des USA et s’il ne l’apprend que par la lecture de ce blog, mon conseil au président de la République serait de s’interroger, de préférence avant son voyage en Haïti et en Guadeloupe, sur son entourage et en particulier sur ceux (s’il y en a) qui soutiennent Patrick Karam.
 
Claude Ribbe,
 
écrivain
Signez la pétition : La légion d'honneur pour le Général Alexandre Dumas

 
Claude Ribbe est écrivain, réalisateur et éditeur. Il est l'auteur de nombreux ouvrages dont Le Diable noir (Alphée).