Les joueurs et leurs entraîneuses

Les joueurs et leurs entraîneuses

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Plusieurs joueurs de l’équipe de France de football auraient été impliqués dans un réseau de prostitution comprenant des mineures. C’est l’indiscrétion lâchée ce week-end par la BRP (brigade de répression du proxénétisme) qui n’a pas tardé à livrer en outre le nom de Franck Ribéry. Depuis, tous les médias du monde se sont repus de ce name-dropping avec fénésie, évitant soigneusement de s’interroger sur la cécité dont ils ont fait preuve depuis des années dès qu’il s’agit d’évoquer la vie privée des monstres sacrés du foot.

Qu’on ne se méprenne pas, je ne souhaite pas qu’une presse de caniveau s’empare du monde du football et je me réjouirai si la France s’épargne un ”Terrygate” au nom de la protection de la vie privée. Même s’il est déjà bien tard…

Mais je ne peux m’empêcher de renifler un petit parfum de faucuterie dans la façon dont la plupart des grands médias a choisi de remonter cette nouvelle très haut dans leur hiérarchie. Il n’y avait plus ce week-end que deux infos majeures : les conséquences de l’irruption volcanique en Islande et les frasques des joueurs de l’équipe de France (alors que dans le même temps, des stars de la Premier League avouaient avoir été rackettés… jolies moeurs).

Alors évidemment, on allèguera qu’il s’agit ici d’une enquête judiciaire, que c’est la Justice qui oeuvre car une prostituée mineure est impliquée. Quelle hypocrisie ! Comme si les clients demandaient sa carte d’identité à la prostituée qu’ils solicitent ou les rockstars leur pédigree aux groupies qui les poursuivent.

Quiconque a suivi d’un peu près ces dernières années les stars du football sait que bien peu d’entre elles rentrent directement au foyer après les matches. Combien d’internationaux, combien d’entraîneurs de renom fréquentent les entraîneuses ? Beaucoup. Beaucoup. C’est un mode de vie. Certes, ce n’est pas un délit. Certes, toutes ne sont pas mineures. Mais le fond du problème, ce qui explique l’emballement médiatique dans cette affaire, c’est bien l’hypocrisie qui règne dans un milieu couvert par l’omerta. On sait. Les joueurs savent, les entraîneurs savent, les journalistes savent. Personne ne dit rien. C’est la vie des stars, voilà tout ! Certains estiment même que c’est une façon de cimenter l’esprit d’une équipe.

Alors quel est donc le tort de Ribéry ? Il a avoué, ou laissé entendre qu’il pouvait être impliqué. Cela a suffit pour que toute une corporation se décharge de sa culpabilité sur son nom. Dans cette affaire comme dans tant d’autres, qu’elles concernent le dopage ou les moeurs, c’est celui qui parle qui est pilonné. Ribéry paiera. Sans doute pas devant un tribunal. En matière de prostitution, comme en matière de transferts, les client, les joueurs, sont rarement sanctionnés (”Où sont ceux à qui profite le crime, où sont les joueurs ?” demandait la semaine dernière le procureur de la République lors du procès des transferts frauduleux du PSG). Les agents, les clubs, les “animateurs de réseaux”, le seront plus sûrement. Non, le prix dont Ribéry (également entendu pour son transfert à Marseille) devra éventuellement s’acquitter se mesurera éventuellement en déficit d’image de marque ou en pension alimentaire après un divorce fracassant et coûteux. Peut-être aussi ces révélations tombent-elles mal (ou bien…) avant un Lyon-Bayern qui mettra aux prises deux des protagonistes présumés” de cette affaire.

Voilà bien ce qui se joue et qui explique pourquoi quelques joueurs tremblent encore du côté de Marseille…

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