La grippe A se propage rapidement dans l'outre-mer

Une infirmière fait un test de la grippe A sur une patiente à Nouméa (Nouvelle-Calédonie), le 21La grippe A se propage rapidement dans l'outre-mer

 

Décryptage

Deux nouveaux décès en Nouvelle Calédonie portent le nombre total de victimes de la grippe A/H1N1 dans l'hémisphère sud à huit, alors que la ministre de la Santé Roselyne Bachelot a décidé de se rendre vendredi et samedi à La Réunion. Le point sur la situation.

 

Une infirmière fait un test de la grippe A sur une patiente à Nouméa (Nouvelle-Calédonie), le 21 août. (© AFP Marc Le Chelard)

La ministre de la Santé Roselyne Bachelot et la secrétaire d'Etat à l'Outre-mer Marie-Luce Penchard se rendront à La Réunion vendredi et samedi prochains pour faire le point sur les mesures adoptées pour lutter contre la grippe A/H1N1, alors que le virus s’étend à grands pas dans les territoires français de l’hémisphère sud.

Quelle est la situation sur place?

Les autorités locales ont dénombré, au total, 8 décès liés au virus de la grippe A/H1N1: 3 en Polynésie et 5 en Nouvelle Calédonie. En Polynésie, il s’agit de deux femmes et d’un nourrisson, et «plus de 10.000» personnes pourraient être touchées par les virus. Depuis le début de l'épidémie, plus de 60 hospitalisations ont été effectuées dans l'ensemble des établissements et une vingtaine de patients sont toujours soignés au Centre hospitalier à Papeete.

La Nouvelle-Calédonie a également enregistré cinq décès en une semaine: une fillette de 8 ans, une femme de 58 ans et un jeune homme de 27 ans qui étaient déjà atteints de pathologies graves qui les fragilisaient. Les deux derniers cas (une femme de 46 ans et un homme de 30 ans) ont été confirmés ce lundi par les autorités. Lesquelles évaluent à 20.000 le nombre de contaminations possibles dans l’archipel.

Ce chiffre qui correspond à 8% de la population de Nouvelle-Calédonie est «sûr à 80-85%», selon Philippe Dunoyer, membre du gouvernement en charge de la Santé. Il a été établi «sur la base des prescriptions de Tamiflu, des absences dans les écoles et des remontées du réseau Sentinelle» (médecins du public et du privé). Nouméa assure cependant que l'épidémie a atteint son maximum.

Selon un bilan de la cellule épidémiologique Réunion-Mayotte, 7.800 Réunionnais ont, par ailleurs, été contaminés par le virus de la grippe depuis juin, dont 3.500 lors de la première semaine d'août. «ça flambe», commente Laurent Filleul, du Cire (cellule interrégionale d'épidémiologie, antenne de l'Institut national de la Veille Sanitaire).

Pourquoi le virus y progresse vite?

Une note publiée ce dimanche par le ministère de la Santé et le secrétariat d’Etat à l’outremer explique que «l'épidémie progresse dans l'hémisphère sud actuellement en hiver austral, saison propice à la diffusion importante des virus grippaux». Ces zones sont donc aux avant-postes face à l'épidémie. La ministre de la Santé Roselyne Bachelot avait ainsi estimé jeudi que l'épidémie en Nouvelle-Calédonie «peut être une préfiguration» de la propagation du virus en métropole à l'automne.

Quel est le dispositif?

Le gouvernement avait annoncé vendredi la décision d'envoyer des renforts médicaux et techniques en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française.

Et vingt professionnels de santé - membres de la réserve sanitaire, corps destiné à donner des moyens de renfort rapide en cas de crise sanitaire - sont potentiellement mobilisés, même si le ministère de la Santé ne prévoit, pour l’heure, de n’en envoyer qu’une partie sur place. Le gouvernement a pris cette initiative, ayant considéré «que les services sanitaires de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie française ne peuvent pas faire face à l'afflux de patients», comme le précise l'arrêté de mobilisation des réservistes publié dimanche au Journal Officiel. Neuf premiers doivent partir en début de semaine pour la Polynésie.

La Nouvelle-Calédonie, elle, n'a pas exprimé de besoins de personnel médical. Les hôpitaux ne sont pas «débordés même si la situation est un peu tendue», a expliqué Philippe Dunoyer, qui écarte tout «risque de pénurie» de matériel anti-grippe. Pas de panique non plus dans les écoles qui restent ouvertes alors qu'en métropole, la règle, pour la rentrée prochaine, est de fermer un établissement si trois cas y sont détectés en moins d'une semaine.

Enfin, «dans une logique d'anticipation et de préparation à la gestion de l'épidémie», Roselyne Bachelot, et Marie-Luce Penchard doivent se rendre à La Réunion. Ce déplacement a été annoncé ce dimanche, alors que plus tôt dans la journée, l’ex-ministre radical de gauche, Roger-Gérard Schwartzenberg, s'était étonné de l'absence du gouvernement dans les zones touchées.

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