La génétique confirme que les premiers Australiens étaient originaires d'Afrique

La génétique confirme que les premiers Australiens étaient originaires d'Afrique

Au bout du compte, les Aborigènes d'Australie sont bien issus d'Afrique, comme tout le monde. Une étude génétique menée par une équipe internationale sur l'ADN de 172 personnes - des Aborigènes australiens et des Mélanésiens de Nouvelle-Guinée - confirme que la région ne fait pas exception à l'hypothèse "Out of Africa", selon laquelle une grande vague migratoire d'Homo sapiens est sortie d'Afrique il y a quelques dizaines de millénaires pour peupler l'Europe et l'Asie, puis le reste de la planète.

Des scientifiques dirigés par Peter Forster (université Anglia Ruskin, Grande-Bretagne) ont travaillé sur l'ADN mitochondrial (porté par la mère) et le chromosome Y (porté par le père) des Aborigènes et des Mélanésiens. Leur étude - publiée dans les Proceedings of the National Academy of Sciences du 7 mai - montre qu'il existe une grande similitude génétique entre ces deux populations. Cela confirme que leurs ancêtres sont issus d'une population préhistorique unique.

Ces Homo sapiens partis d'Afrique seraient arrivés, au bout de deux mille générations, en Asie du Sud-Est, puis il y a au moins 50 000 ans en Nouvelle-Guinée et en Australie. L'accès à cette zone leur aurait été facilité par le fait que le niveau des mers était d'environ 100 mètres plus bas à cette époque. L'Australie formait alors avec la Nouvelle-Guinée et la Tasmanie un vaste ensemble continental, le Sahul. Pour accomplir leur migration via ce qui est aujourd'hui l'Indonésie, ces populations ont dû traverser plusieurs bras de mer, ce qui laisse supposer qu'elles savaient naviguer.

 

ISOLÉES PENDANT 10 000 ANS

 

Elles seraient ensuite longtemps restées isolées, jusqu'à l'arrivée d'autres hommes, il y a 10 000 ans. Les données archéologiques montrent à cette époque des changements tant dans la quantité que dans le mode de fabrication des outils lithiques. Les premiers dingos (Canis lupus dingo) sont également présents à partir de 3 500-4 000 ans et on suppose qu'ils ont été introduits par des hommes en provenance de l'Inde. Mais tout cela fait encore l'objet de débats entre les archéologues et les anthropologues.

"La nouvelle étude, réalisée avec des informations génétiques plus importantes que les précédentes, correspond aux données archéologiques et paléontologiques que l'on possède sur l'Australie", précise Florent Détroit, paléoanthropologue au département de préhistoire du Muséum national d'histoire naturelle. "Elle infirme l'hypothèse selon laquelle les Aborigènes australiens seraient issus d'Homo erectus provenant d'Asie du Sud-Est, qui auraient ensuite évolué dans l'île continent", ajoute-t-il.

Cette éventualité avait été suggérée car on a jusqu'à présent trouvé très peu de fossiles appartenant à des Homo sapiens anciens en Asie du Sud-Est, alors que les restes d'Homo erectus sont plus nombreux. Et on a constaté des différences morphologiques entre les quelques fossiles d'Homo sapiens anciens mis au jour en Australie. Certains, venant de la région de Willandra, ont un crâne doté d'os très épais, avec un bourrelet suborbital, alors qu'au lac Mungo, où l'on a trouvé plusieurs fossiles, dont le plus ancien squelette d'Australie, vieux de 62 000 ans, l'aspect est plus gracile. Ces différences seraient dues, selon les auteurs de la nouvelle étude, à l'isolement de la population primitive.