Vaucluse : une esclave pour 4.500 euros
Vaucluse : une esclave pour 4.500 euros
Par Marc-Antoine Bindler
La jeune fille était exploitée dans un appartement situé dans cette rue du centre-ville de Cavaillon. © Google Streetview
Une Ivoirienne de 14 ans, achetée à sa famille, était exploitée par un couple de Cavaillon.
L'INFO. Ils sont accusés de s'être "offert", pour moins de 5.000 euros, une "bonne à tout faire" de 14 ans en Côte d'Ivoire. Selon Vaucluse matin, qui révèle l'affaire, un couple formé par un Ivoirien et une Française, tous deux âgés de 25 ans, ont été arrêtés mardi à Cavaillon, dans le Vaucluse, après que la jeune fille en question s'est livrée à la police.
Comment l'affaire a-t-elle été révélée ? Mardi matin, Charlotte, 14 ans, se rend au commissariat de Cavaillon. Le récit qu'elle livre aux policiers est saisissant. Cette jeune fille explique avoir été achetée à sa famille en Côte d'Ivoire pour 4.500 euros par le mari du couple mis en cause. Par le biais de passeurs, elle est ensuite envoyée clandestinement au Maroc, direction l'Espagne et Barcelone où elle atterrit courant mai 2012. Selon les informations recueillies par Europe1.fr, c'est là, dans la capitale catalane, que le mari vient récupérer l'adolescente en septembre dernier afin de la ramener en France.
Depuis lors, Charlotte devait s'acquitter des tâches ménagères dans l'appartement du couple, situé en plein centre-ville de Cavaillon. Mais ce n'est pas tout : l'adolescente se voit également confier la garde des deux enfants de ses "propriétaires", âgés de 4 ans et 1 mois. Si Charlotte ne vit pas recluse dans l'appartement, selon le procureur d'Avignon joint par Europe1.fr, les coups de ceinturons pleuvent quand son "maître" le décide. Et c'est justement une de ces séances de sévices qui a motivé la décision de la jeune Ivoirienne : "peu avant, elle avait été battue assez violemment sur tout le corps avec une ceinture", précise le procureur. Charlotte décide donc de se rendre au commissariat pour y déposer plainte.
Traite d'être humain et violence... Le couple suspect a d'abord été placé en garde à vue pendant 24 heures. L'homme a ensuite été renvoyé devant le tribunal correctionnel pour y être jugé en comparution immédiate pour traite d'être humain, violences et aide au séjour irrégulier. Car l'Ivoirien hébergeait également un de ses amis, un Togolais de 35 ans en situation irrégulière, qui a lui aussi été renvoyé devant la justice pour infraction à la législation sur les étrangers. Les deux hommes ayant demandé un délai afin de préparer leur défense, ils ne seront jugés que le 15 mars et ont été placés en détention provisoire.
La femme a, quant à elle, été laissée libre à l'issue de sa garde à vue et mise hors de cause. De son propre aveu, elle était réticente, par "jalousie", à la présence de Charlotte dans son appartement.
Que va devenir Charlotte ? Pour l'instant, la jeune Ivoirienne, de fait en situation irrégulière puisque sans-papiers, a été placée en foyer, selon le procureur. Le Conseil général doit désormais lui désigner un tuteur ainsi qu'un avocat, ne serait-ce que pour qu'elle soit représentée à l'audience en mars prochain. Ce sera ensuite aux autorités administratives de trouver un moyen pour raccompagner Charlotte en Côte d'Ivoire.