Les Gwada Boys s'inclinent en héros

Les Gwada Boys s'inclinent en héros


Les Gwada Boys se sont montrés à la hauteur. (Dominique CHOMEREAU-LAMOTTE)

a Guadeloupe s’est certes inclinée hier soir en finale de la Digicel Cup (1-1 ap, 4-5 tab) face au tenant du titre jamaïcain. Elle est néanmoins sortie grandi d’un tournoi mal commencé mais terminé de façon exceptionnelle. Il ne pourra y avoir de regrets, quand bien même elle domina son sujet en finale.

Roger Salnot nous avait dit au sortir de la demi-finale victorieuse sur Cuba (2-1), vendredi, que « les équipes qui démarraient mal leur tournoi le finissaient généralement bien. » C’est exactement ce qui s’est passé hier soir. Jamais les Guadeloupéens n’avaient offert un tel spectacle, une telle intensité, une telle maîtrise depuis le début du tournoi caribéen. Voire depuis des lustres. Et jamais la Jamaïque ne s’était faite autant bousculer comme lors de cette finale. « C’est le match le plus abouti de la sélection, je ne peux qu’être fier des joueurs », lâchait Salnot quelques minutes après le coup de sifflet final. « Des regrets ? Que ce soit Jean-Luc (Lambourde) qui rate son tir car il a été immense tout au long du tournoi… Il fallait un perdant. On a pourtant su élever notre niveau de jeu, trouver des ressources psychologiques pour revenir au score, il y avait donc la place pour gagner mais…En tout cas, on a démontré qu’on savait jouer au ballon. »

Sans complexe

C’est pourtant la Jamaïque qui s’en est sortie au terme de 120 minutes et d’une séance de tirs au but fatidique à la plus forte des deux équipes. Comme toujours, le meilleur joueur de l’équipe craqua. Cinquième tireur guadeloupéen, le grand Jean-Luc Lambourde, monsieur missile, hésita entre une frappe en force et un tir placé. La seconde solution, choisie, passa à côté… « Je suis forcément très déçu, confessa-t-il alors que ses partenaires le consolaient. Je n’ai pas de mot. » Muet, les Gwada Boys observèrent ces Jamaïcains, géants d’hier, aller chercher leur trophée. Ils avaient, certes, gagné mais étaient revenus à une taille plus acceptable lorsque le collectif et les individualités guadeloupéennes décidèrent de jouer à l’unisson et à leur meilleur niveau. On fut loin des deux dernières confrontations où les Reggae Boyzs avaient pris, facilement, le dessus sur des Gwada Boys (2-0 en 2008 et lundi dernier en match de poule). Très loin même.

Dans un 4-4-2 identique à celui d’il y a une semaine, la sélection pressa haut, ne recula pas, allant même s’installer dans le camp jamaïcain du début à la fin. Sans complexe, bien en place et faisant bloc avec un Auvray en sentinelle, la Guadeloupe démontra en une soirée, qu’elle était devenue un grand du football de la région. Capable non plus de se qualifier pour la Gold Cup après une troisième présence dans le dernier carré mais d’accéder en finale. Et d'être tout proche de vaincre !
Trois occasions en fin de match

Il y eut les occasions de Gotin (5e), Gendrey (8e), Lambourde (20e) pour lancer le match. Il y eut aussi des frissons quand Vernan fila pour trouver Richards en retrait bien contré par Clavier (26e). Une premier coup de semonce car quelques instants plus tard, Austin accéléra, trouva la tête de Shelton au second poteau pour une remise millimétrée sur Cummings, lequel reprit de volée pour crucifier Bus (32e, 1-0). On se dit alors que la finale allait échapper aux joueurs de Roger Salnot. Mais dans un élan de générosité, ceux-ci parvinrent à revenir sur un contre fulgurant, conclu magistralement par un boulet de Gotin (39e, 1-1). Comme les 9000 spectateurs de Dillon, on cru l’exploit possible.

Comme en demi-finale, les Gwada Boys furent dès lors solidaires comme jamais. Notamment en seconde période et dans la prolongation où ils firent courir la Jamaïque derrière le ballon. L’épuisant, coupant ses liaisons avec un Clavier en état de grâce et un Gendrey en percuteur n°1. On les pensa capables d'aller forcer le verrou des Jah’players à maintes reprises mais Collet (60e), Gotin (82e) et Gendrey (89e) ne trouvèrent pas le cadre. On joua donc la prolongation, imaginant les Jamaïcains, dans le même cas de figure deux jours plus tôt, finir sur les rotules… Ils tentèrent donc de plier l’affaire, mais Bus veillait en sortant d’une claquette un tir puissant d’Austin (100e). Puis vint la séance des tirs au but et l’issue malheureuse pour l’équipe qui avait dominé le match.

A-t-elle à rougir ce matin ? Absolument pas. Critiqués, à juste titre et malgré les réactions épidermiques, ces Gwada Boys ont grandi. Ils sont devenus des hommes. Il y a des défaites qui ont le goût de victoires. Celle-ci en est une.