Pour l’UMP, Ali Soumaré c’est : Noir un jour, délinquant toujours !

Pour l’UMP, Ali Soumaré c’est : Noir un jour, délinquant toujours !

http://carcassonne.gauchepopulaire.fr/public/carcassonne.gauchepopulaire.fr/La_20machine_20a_20voter.jpg

Au début de l’affaire Ali Soumaré, j’avais pensé au roman de Victor Hugo « Les misérables ».

Après tout, le héros Jean Valjean n’était-il pas l’auteur d’un petit vol ? N’avait-il pas passé de longues années au bagne avant de s’en évader et de devenir le bon maire de Montreuil sur Mer sous un faux nom ?

 

Avec leur défense de la morale politique, les caciques de l’UMP évoquaient la mentalité de Javert, le policier qui cherche à remettre Jean Valjean en prison. Mrs Delattre, Poniatowsky et Mme Pécresse, fomentant cette cabale et espérant en tirer profit faisaient de parfaits Thénardier.

 

J’ai pensé à Jésus Christ qu’on cite souvent: « Que celui qui n’a jamais pêché me jette la première pierre ». C’est qu’on lapidait facilement à cette époque.

 

J’ai pensé aussi au cas de ce grand cinéaste José Giovanni qui fut condamné à mort en 1948 pour racket et meurtre, puis gracié. Il fit vingt ans de prison avant de devenir romancier et réalisateur de films policiers d’une grande humanité. Roman Polanski doit-il être condamné pour avoir le droit de faire des films ?

 

Les films de cinéma sont remplis d’histoire de rédemption exemplaire après un passé tumultueux voire criminel. Je n’ai jamais vu un seul spectateur prendre parti contre le héros !

 

Et puis, il y a eu tous ces rebondissements qui faisaient d’Ali Soumaré une victime de calomnies : de la nullité des accusations confirmée par une procureure, à la dernière saillie de Vincent Peillon en passant par l’étonnement de la CNIL de voir un fichier de police (le fichier du STIC) servir des intérêts politiques partisans.

 

La morale politique et l’exemplarité ne sortent pas grandies de toute cette histoire.

 

Ainsi on apprend qu’on peut avoir été plusieurs fois arrêtés ou condamnés pour des faits de violence, pour des délits pénaux et faire une incroyable carrière politique avec la bénédiction et même l’estime de ceux qui accusent Ali Soumaré.

 

Patrick Devedjan, Gérard Longuet et Alain Madelin ont réussi l’exploit rare de faire de très belles carrières politiques, de faire partie d’une élite censée être exemplaire et respectable en toute chose, tout en ayant un passé de délinquant récidiviste.

 

Pourquoi ont-ils bénéficié, eux, de tant de mansuétude ?

 

Si on attaque Ali Soumaré, avec un désir d’éthique politique chevillée au cœur, alors comment Devedjian, Longuet et Madelin ont-ils pu passer à travers les mailles du filet de la vertu ?

 

Selon un article du Petit Varois du 11 novembre 1965, Patrick Devedjian et Alain Madelin sont condamnés par le tribunal correctionnel de Draguignan à un an de prison avec sursis et trois ans de mise à l'épreuve pour vol et détention d'armes. Il participe en janvier 1967 à un commando du groupe d’extrême droite Occident qui attaque des étudiants d'extrême gauche à Rouen, et est condamné le 12 juillet 1967 avec douze autres militants d'extrême droite pour « violence et voies de fait avec armes et préméditation ».

 

En 1977, donc dix ans après sa dernière condamnation, il se présente aux élections municipales à Anthony… Dix ans après ! Comme Ali Soumaré ! Elle est pas belle la vie ?

 

Après des études de droit à Assas et à Sciences-Po Paris, Charles Pasqua a pris le tout jeune avocat sous son aile… Un sacré passeport quand on a été repris de justice, non ?

 

Gérard Longuet en a fait moins question violence mais il faisait partie de la charrette des condamnés du 12 juillet 1967 pour voie de fait avec armes et préméditation à Rouen.

 

Ce qui ne l’empêchera pas de devenir sous-préfet six ans plus tard et d’entrer au cabinet du Premier Ministre Raymond Barre en 1977, soit dix ans après sa condamnation.

 

Alain Madelin, lui, a eu trois affaires avec la police ou la justice.

En 1964, il est soupçonné et son domicile perquisitionné après une attaque contre un cinéma à Paris.

En 1965, il est condamné avec Patrick Devedjian pour l’affaire dont Vincent Peillon rappelait le meilleur : vol de voiture et de moteur de bateau, détention d’une arme, faux papiers, rébellion.

 

Pourtant, en 1978, il est élu député d’Ille-et-Vilaine, soit treize ans après les faits !

 

La mansuétude semble venir de l’engagement politique à l’extrême droite avant de s’en défaire et de se rapprocher des personnalités de droite en vue de l’époque : Charles Pasqua, Raymond Barre, Valéry Giscard d’Estaing. C’est le seul point commun qu’on peut trouver entre les trois hommes. Même le milieu social ne joue pas car Alain Madelin est l’enfant d’un ouvrier et d’une femme de ménage. L’origine non plus car Patrick Devedjian est le fils d’un immigré arménien. Par contre, il est certain que le désir d’appartenir à une élite influente sur le plan politique et économique, d’en apprendre les codes sociaux,  a dû être déterminant pour leur carrière.

 

Ce qui nous amène à conclure que vous pouvez faire n’importe quelle connerie si vous êtes jeune, blanc, servile, compétent et ambitieux. Elles vous seront toujours pardonnées si vous servez vos mentors avec docilité jusqu’à ce qu’ils passent la main.

 

Mais si vous êtes noir et de gauche, à défaut de vous contester le droit de vous présenter, on vous contestera la réhabilitation qui vous permet de vous élever et de jouer un rôle au sein de la république auprès de vos concitoyens après vos conneries passée. Noir un jour, délinquant toujours.

 

Ali Soumaré, a le tort d’être noir et de représenter une menace pour les amis de Nicolas Sarkozy… En entrant par la grande porte d’une élection importante dans la vie politique, il créé un précédent.

 

Le plafond de verre se fissure-t-il enfin ?