Victor Schoelcher ? Rien à foutre !

Victor Schoelcher ? Rien à foutre !

Article 12. du «Code Noir» Les enfants qui naîtront de mariages entre esclaves seront esclaves et appartiendront aux maîtres des femmes esclaves et non ceux de leurs maris, si le mari et la femme ont des maîtres différents».

Article 44 (extraits) Déclarons les esclaves être meubles et comme tels entrer dans la communauté et n’avoir point de suite par hypothèque…».

Puisque c’est le mois de mai, donc celui de nos mémoires. Il ne peut pas être inutile de faire une petite piqûre de rappels mémoriels. Attention, je vais toucher là où ça fait encore mal.

Et pourtant, chaque année, des dizaines de manifestations dites «commémoratives» ont lieu, un peu partout sur notre territoire national. C’est à croire que l’aspect festif l’emporte sur tout le reste. Il est courant de constater que les jeunes guadeloupéens, et même les moins jeunes, sont bien peu conscients ou soucieux, de notre cruelle histoire, et de nos racines.

Or, chacun sait qu’un peuple qui ne maîtrise pas son histoire, donc, sa mémoire est comme zombifié. De droite, de gauche, ou nationalistes, les guadeloupéens, dans leur grande majorité savent peu de notre temps historique.

A qui la faute ?

En premier lieu, au système colonial, qui dès 1848 et sa prétendue «abolition» s’est attaché à pratiquer de manière quasi scientifique, le décervelage de notre peuple. Si on juge au nombre de guadeloupéens, incapables de se penser en tant que tels, on peut conclure que l’aliénation culturelle a parfaitement fonctionné.

Mais, il est toujours aisé de faire porter le chapeau ou le casque à nos anciens maîtres. 162 ans après l’acte "d’abolition, "au kilomètre carré, la Guadeloupe a produit un nombre considérable, d’intellectuels, d’historiens, de scientifiques, de journalistes, d‘écrivains, d’enseignants. Qui peut le nier ? Mais hélas, trois fois...

Car, si en 2010, nous sommes encore colonisés et dépendants, la faute n’incombe pas qu’au colonialisme. Soyons Gwada-Responsables. Nous en sommes là parce qu’ils n’ont pas été assez nombreux, les guadeloupéens à vouloir vraiment «kaskod», et à se retourner contre le système colonial.

Aujourd’hui encore, certains croient que la « nationalité française » imposée est un progrès et que nous devons accepter, la bouche-close et le dos courbé, ce «cadeau de la nation». Cette nation française, qui justifia l’esclavage avec deux ouvrages essentiels : La Bible et Le Code Noir.

Comment peut-on oublier, que les millions de nègres brutalement arrachés à l’Afrique par les nations européennes ont été soumis à l’esclavage ? Comment ne pas se souvenir que la culture africaine a été piétinée, les religions «indigènes» considérées comme barbares ? Mais l’outrage et l’ignominie ne se sont pas arrêtés en 1848. Car les colonialistes, falsificateurs de l’histoire, ont tenté de nous faire croire, que Victor Schœlcher nous avait «libéré» et que nous étions «tous nés en 1848». Pire, que nous étions «les enfants de la République». Quelle horrible imposture ! Dire qu’il se trouve encore des «historiens ou des hommes» politiques, qui nous enseignent le respect de Schœlcher, de la République ou de l’amour de la «Métropole»! Honte à eux !

Il est donc grand temps de mettre un terme à ces crimes mémoriels

Brefs rappels :

1492. Colomb et ses marins débarquent par «erreur» sur les terres d’Amériques et des Caraïbes. La guerre débute, on massacre déjà, on ethnocide des" indiens".

1635. Les colons français s’installent à leur tour en Guadeloupe.

1636. Guerre des envahisseurs français contre les Amérindiens. 3 ans plus tard, les Caraïbes sont tous massacrés ou exilés dans d’autres îles. C’est le gouverneur français, Charles Houel, qui ordonna l’extermination totale des Caraïbes (la principale artère de Jarry Houelbourg, porte aujourd’hui encore le nom de ce bourreau qui n’a pas jamais expié ses crimes !!).

1640. Les premiers esclaves africains débarquent en Guadeloupe.

1794. 1ère pseudo “abolition” des esclaves, mais Victor Hughes, pourtant " révolutionnaire" on s’en rendra vite compte, est un négrophobe et un esclavagiste

1802. L’armée française de Napoléon écrase l’armée guadeloupénne qui s’est levée contre le retour à l’esclavage total. La répression est terrible plus de 10 000 nègres résistants et hommes de couleur sont blessés, tués, exécutés ou exilés. La chasse aux neg mawon durera au moins jusqu’en 1804.

1848. Pour des raisons économiques les esclavagistes changent leur mode de «production». L’esclavage servile est stoppé dans sa phase basique, parce que obsolète. Les colons sont indemnisés. Les nègres évangélisés. L’assimilation à la française va débuter la colonisation se «modernise» pour se perpétuer.

1854. A la demande des colons et du Conseil Colonial de «nouveaux esclaves» débarquent dans la colonie : ils viennent d’Inde. Ils seront aussi maltraités que les nègres.

Mai 2010. Soit 162 ans après Schoelcher, le faux "libérateur", nous en sommes encore là : consommateurs modernes, internet à haut débit, 40% de vie chère, passeport européen, voitures allemandes ou japonaises, voiture-jaune-en-fin-de mois, putes dominicaines, téléviseurs à écrans plats, mais toujours dépendants. Avec encore des politiciens, des profs, des journalistes, oublieux volontaires de notre histoire, plus aliénés que jadis, donc coupables parce que conscients. C’est là notre drame. Les pires colonialistes sont nous-mêmes !

En ce mois de mai 2010, rendons sereinement hommages à nos ancêtres. Honorons leurs mémoires, cessons de courber l’échine en surfant de compromis en compromissions.
Sur le plan symbolique, il serait temps de débaptiser les rues Schoelcher, tout comme ce Fort Napoléon "situé aux Saintes". Ni bwa dèyè !